Plus de 7000 m2 sont dédiés aux ateliers de restauration, répartis entre la Petite écurie du roi à Versailles (4500 m2) et le pavillon de Flore du palais du Louvre (2600 m2).
Le département restauration assure un accompagnement scientifique et administratif des opérations de restauration auprès de l'ensemble des musées de France ; depuis la réflexion en amont, prélude à une ou des campagnes de restauration, jusqu'à la définition des cahiers des charges des opérations et au suivi de la bonne exécution des interventions. Ce positionnement justifie pleinement la distinction de l'activité, en termes de filières et non pas seulement comme ateliers.
Par son expérience diversifiée, son excellente connaissance des collections publiques ainsi que des problématiques de restauration, le département est à même de conseiller les musées qui s'adressent à lui pour développer des techniques d'investigation utiles à la mise en place de protocoles d'intervention raisonnés. L'apport des analyses avant et en cours de restauration et la réflexion collégiale menée dans toutes les filières contribuent à faire de chaque intervention un moment privilégié pour l'amélioration des connaissances autour d'une œuvre, pour une évaluation appropriée des risques induits par toute intervention, mais également pour dessiner les contours d'une intervention adaptée.
Cette expertise se traduit par une présence active au sein de diverses commissions scientifiques, certaines constituées autour d'une œuvre, d'autres autour d'une institution, comme Utica, Arc antique, le CREAM ou ARC-Nucléart, etc. C'est ainsi que le musée Rodin a fait appel à une conservatrice de la filière archéologie, dans le cadre de son projet de catalogue des collections égyptiennes de Rodin. La commission créée pour le suivi de restauration des retables de Champmol a permis aux filières peinture et sculpture d'accompagner cette opération, soutenue par ailleurs par le département recherche, qui a effectué des prélèvements et des analyses afin d'éclairer les choix de restauration.
Toutes les filières ont cependant des caractéristiques propres : trois d'entre elles font exclusivement appel à des restaurateurs libéraux (Peinture, Arts graphiques et Art contemporain), tandis que les trois autres (Archéologie / Ethnologie, Arts décoratifs et Sculpture) ont une équipe dédiée de restaurateurs fonctionnaires. Certaines filières sont très recentrées sur les musées nationaux (filières Arts décoratifs et Arts graphiques) alors que d'autres travaillent avec de très nombreux musées en région (filière Peinture avec des restaurations pour 72 musées des collectivités territoriales et 7 musées nationaux).
Le département Restauration compte six filières (arts graphiques, XXe siècle - Art contemporain, Archéologie / Ethnologie, Sculptures, Arts décoratifs, Peintures), dont la disparité impacte inégalement le volume d'œuvres traités. Chaque année, environ 1000 objets sont suivis par les filières du département Restauration du C2RMF.
- la filière Arts graphiques, qui repose sur une seule personne, assure cependant de nombreuses interventions, de nature diverse et totalement liées à la nature du support, le papier, qui vont de la conservation préventive de fonds conséquents à des interventions plus ponctuelles et spécifiques à l'occasion de la préparation d'expositions temporaires.
- La filière Art contemporain quant à elle, composée d'un historien de l'art et d'une ingénieure d'études chimiste, mène une activité modeste en terme de suivi de restauration, mais très conséquente en terme d'études de faisabilité, d'études préalables, de contribution à des colloques, de publications, mais également de caractérisation de la technique et/ou des liants et pigments des couches picturales, stratigraphie et mesure d'épaisseur de couches, etc. En poussant la réflexion sur les matériaux contemporains tels les plastiques, les peintures industrielles, les composites, la filière contribue ainsi directement à développer les connaissances nécessaires à d'éventuelles interventions en conservation-restauration en art contemporain.
- La filière Archéologie / Ethnologie bénéficie de sollicitations nombreuses du musée du Louvre ; tous les départements antiques font en effet appel à cette filière pour assurer une meilleure conservation de leurs œuvres, tout en problématisant les interventions. Ainsi le département des antiquités orientales du musée du Louvre s'est-il engagé avec le C2RMF dans un programme concernant l'étude et la restauration de deux ensembles d'objets mésopotamiens en métal d'une part, en terre cuite d'autre part, pour lequel un conservateur du patrimoine et un restaurateur sont associés afin d'examiner de manière plus approfondies certains objets (microscope numérique, fluorescence X, etc.).Dans la même logique, le département des antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, préparant une exposition temporaire sur Rhodes ou se penchant à nouveau sur le trésor de Boscoreale, associe en amont la filière à ses questionnements.Le renouveau des études de la collection Campana passe également par l'examen ces deux dernières années de plus d'une vingtaine de plaques en terre cuite préalablement à des interventions.
Retrouvez ici une visite virtuelle des ateliers de la filière Archéologie/ Ethnologie de flore dans le cadre des journées européennes de l'archéologie.
- La filière Sculptures représente un compromis : cette filière composée de deux conservateurs et une restauratrice fonctionnaire a suivi cependant des opérations conséquentes de restauration faisant intervenir également plusieurs restaurateurs libéraux, notamment pour le département des sculptures du musée du Louvre. Ces interventions sont quasiment systématiquement accompagnées d'analyses et examens. L'un des exemples les plus significatifs est probablement la tête du Christ de Lavaudieu (Louvre, département des Sculptures), car la filière Sculpture est depuis plusieurs années engagée dans l'étude et la restauration des sculptures polychromes et s'est montrée en pointe sur ces questions (cf. à ce propos le numéro 39 de Technè).
- La filière Arts décoratifs a été très largement sollicitée ces deux dernières années par le département des objets d'art du musée du Louvre pour la ré-ouverture des salles XVIIIe (printemps 2014). À cette occasion un travail considérable a été mis en œuvre, qui représente la moitié de la charge de travail des différents ateliers (ébénisterie, dorure, métal) de cette filière. Le musée franco-américain du château de Blérancourt qui prépare lui aussi sa ré-ouverture a confié des objets d'une très grande diversité (taxiphote, plaque-trophée, tableau de médailles, drapeau, épinglettes, couteau, pochette-mouchoir, tablier, boîtes diverses, etc.) à l'expertise de la filière.
- La filière Peintures est également très active et accompagne de nombreux musées dans leurs programmations de restauration. Pour les grands musées nationaux (Le Louvre, Orsay, Versailles), les opérations sur les chefs d'œuvre entraînent régulièrement la composition de comités scientifiques : La Sainte Anne de Léonard de Vinci, La Vénus du Pardo du Titien, l'Atelier de Courbet, les plafonds du château de Versailles, La Bethsabée de Rembrandt. La filière suit aussi les projets de rénovation des musées sur l'ensemble du territoire : Dijon (musée des Beaux-Arts et musée national Magnin), Bayonne (musée Helleu-Bonnat), Besançon, Bourges, Quimper, Reims. Tous ces tableaux bénéficient systématiquement d'un dossier d'imagerie scientifique, d'un accompagnement par les spécialistes de la filière, et des conseils du département des peintures du musée du Louvre en tant que Grand Département, lors de visites régulières programmées tout au long de l'année dans les ateliers de Flore et de la Petite Écurie du Roy à Versailles.