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Le service de restauration des musées de France

Mis en place en 1792 lors de la création d'un musée au Louvre, les ateliers de restauration sont installés au pavillon des Arts.

Le Service de restauration des musées de France a été organisé en 1991. Il succédait à deux services parallèles : le Service de restauration des peintures des musées nationaux, créé en 1966 et héritier de la longue tradition de restauration des peintures des collections royales, et le Service de restauration des musées classés et contrôlés, partie intégrante de l'Inspection générale des musées, institué en tant que tel en 1989 et destiné à répondre aux besoins des musées de province.

 

Les prémices de la restauration

La tradition de l'entretien des collections royales remonte à l'époque de François Ier et de Léonard de Vinci. Au XVIe siècle, François Ier installa ses collections à Fontainebleau et confia leur restauration à Primatice qui dirigeait les travaux de décoration. Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, les peintures étaient dévernies puis repeintes en partie ou en totalité, soit pour leur entretien, soit pour les adapter aux exigences changeantes du goût ou de la liturgie. Le respect du tableau considéré comme œuvre d'art unique n'existait pas.

La période allant du milieu du XVIIe siècle au premier tiers du XVIIIème siècle est marquée par la naissance d'une technique : le rentoilage. En effet, avec le développement des collections royales installées à Paris et à Versailles, une intense politique de modification des dimensions des tableaux fut entreprise par le Premier Peintre du Roi. 
En 1699, la nomination du peintre Antoine Paillet comme premier Conservateur chargé de l'entretien des collections royales avec un rôle précis qu'on appelait alors "nettoyement" est la première amorce d'une structure de la restauration.

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Le Comte d'Angivillers, © C2RMF

 

Naissance et organisation de la restauration

La période allant du premiers tiers du XVIIIème siècle jusqu'à la Révolution peut être considérée comme celle de la naissance de la restauration comme discipline autonome.
En 1740, un peintre - restaurateur et non plus un peintre à part entière, Ferdinand - Joseph Godefroid fut choisi pour surveiller l'entretien des collections royales. 
En 1775, le Surintendant des Bâtiments du Roi, le comte d'Angivillers, supprima ce privilège donné à une seule personne, voulant être libre du choix du spécialiste le plus apte. Il définit alors en un texte ce que devait être la restauration et dota d'une véritable organisation la restauration des peintures. Les restaurateurs professionnels diversifiés apparurent : ''enleveurs'' ou rentoileurs chargés de restaurer les supports de bois ou de toile (Picault père, la Veuve Godefroid, Hacquin père), et ''nettoyeurs-retoucheurs'' chargés de traiter la couche picturale (Guillemard, Godefroid fils). Le restaurateur devait être un spécialiste de couche picturale ou de support et non plus seulement un peintre; ses prix et ses méthodes devaient être contrôlés.

C'est à la Révolution que revient le mérite d'organiser la restauration.
Jean-Baptiste-Pierre Le Brun, époux de la célèbre académicienne et peintre Élisabeth Vigée, fut nommé, de 1797 à 1802, Commissaire-Expert auprès du Museum Central des Arts: il fut chargé d'établir les constats d'état, de déterminer le coût des restaurations et de réceptionner le travail. Un concours de recrutement de restaurateurs fut projeté en 1797 et une école de formation en 1798. En 1800 une commission, déjà pluridisciplinaire, rassemblant des peintres (Vincent et Tauriay) et des scientifiques (Berthollet et Guyton de Morveau), fut réunie autour de la Madone de Foligno de Raphaël pour suivre sa restauration: la convergence des talents devait permettre les choix les plus éclairés. Entre 1794 et 1798 affluèrent à Paris les chefs-d’œuvre de Belgique, de Hollande, d'Allemagne et d'Italie, soustraits aux princes et aux couvents par la Révolution victorieuse. La France dut à ce moment - là se doter des moyens nécessaires à la remise en état d'un patrimoine soudain immense dont elle était devenue responsable et qui allait constituer le futur musée Napoléon. 
Ainsi avec la création du musée et l'afflux des œuvres d'art provenant de toute l'Europe sous la Révolution, le Louvre devint le centre européen de la restauration des peintures et des sculptures et la plupart des chefs d’œuvre passèrent entre les mains des restaurateurs parisiens.

 

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Jean-Baptiste-Pierre Le Brun, ©C2RMF/J.Requilé

 

La restauration au XXème siècle

En 1935 un concours permit de recruter une nouvelle équipe de restaurateurs et l'atelier du Louvre fut doté d'un chef, Jean-Gabriel Goulinat. 
En 1950, à la suite des polémiques internationales de l'après-guerre, une véritable politique française de nettoyage modéré fut formulée par René Huyghe, Conservateur en chef du Département des Peintures, et activement menée par Germain Bazin qui prit sa suite puis créa et dirigea en 1966 le Service de restauration des musées nationaux élargissant ainsi la compétence de l'atelier du Louvre à l'ensemble des peintures des musées nationaux.
Son successeur à la tête de ce service de 1971 à 1980, Gilberte Émile-Mâle, a développé cette politique prudente: elle a aussi donné à la restauration un élan nouveau en faisant passer le nombre de restaurateurs de douze à vingt-six, le nombre de musées faisant appel à elle de deux à vingt huit et en posant les jalons d’une recherche de locaux appropriés à la fonction de ce service central de la Direction des musées.

Parallèlement au Service de restauration des musées nationaux, le Service de restauration des musées classés et contrôlés fut créé en 1966 au sein de l'Inspection générale des musées. Il s'agissait d'un service polyvalent destiné à répondre aux besoins variés (peintures, sculptures, archéologie, arts décoratifs ... ) des musées de province. Il fut institué en tant que tel en 1989.

Installés de façon précaire et provisoire au Louvre où la perspective de l'aménagement du Grand Louvre menaçait à court terme leur implantation, ces deux services déménagèrent à Versailles dans les bâtiments de la Petite écurie du roi en 1986 et finirent par fusionner en1992.

On y adjoignit ensuite les ateliers de restaurateurs fonctionnaires, techniciens et chefs de travaux d'art, de la Direction des musées de France issus de la formation des métiers d'art. Délogés eux aussi du Louvre par les travaux, ils furent déménagés à la Petite Ecurie du Roy à Versailles. Leur personnel, longtemps composé d'ouvriers professionnels et d'agents du corps de maîtrise, assurait pour les départements du Louvre et pour les musées nationaux certains travaux de restauration. Ce n'est qu'en 1965 qu'a enfin été créé un corps de restaurateurs regroupant les meilleurs éléments. Ces ateliers spécialisés dans le mobilier et la garniture de siège, la pierre et le métal ont vocation à répondre au besoin en restauration des musées dont le financement dépend de l'Etat.

Ces trois entités sont à l'origine du Service de restauration des musées de France. Il a recours essentiellement à une équipe de restaurateurs, travailleurs indépendants, sélectionnés en raison de leur formation et de leur expérience professionnelle. Plusieurs d'entre eux sont originaires de pays européens où la tradition de la restauration est ancienne, comme l'Italie, la Pologne, ou l'Angleterre; leur présence a largement contribué à faire progresser la qualité des restaurations et à enrichir le dialogue des partenaires.

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Germain Bazin, C2RMF

 

La réunion de plusieurs services

Le Service de restauration des musées de France a été organisé par un arrêté du 5 août 1991. Il succédait à deux services parallèles et implantés dans les mêmes locaux à la Petite écurie du roi à Versailles : le Service de restauration des peintures des musées nationaux, créé en 1966 et héritier de la longue tradition de restauration des peintures des collections royales, et le Service de restauration des musées classés et contrôlés, partie intégrante de l’Inspection générale des musées, institué en tant que tel en 1989 et destiné à répondre aux besoins des musées de province. On adjoignit à ces deux entités, les Ateliers des techniciens et des chefs de travaux d'art de la Direction des musées de France, ateliers institués en 1965 par décret du 24 septembre et spécialisés dans le mobilier et la garniture de siège, la pierre et le métal.

 

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Les ateliers de restauration au Louvre, C2RMF

 

Bibliographie :

La restauration dans les musées français : actualité et perspectives, France Dijoud et Nathalie Volle, Histoire de l'art n° 32, décembre 1995, p. 21 à 24

Histoire rapide de la restauration des peintures du Louvre, Gilberte Emile - Mâle, Coré n° 3, octobre 1997 p. 52 à 57 et Coré n° 4, avril 1998, p. 37 à 46

La conservation - restauration des collections des musées de France,  France Dijoud, TECHNE n°13-14 , p. 10 à 13

Le Service de restauration des musées nationaux,  Ségolène Bergeon, Les petits guides des grands musées, n° 110, avril 1987, éditions RMN

Information : réduction des activités sur le site de Versailles
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Article publié le 23/05