
Suite au legs au musée d’art sacré de Saint-Mihiel d'une sculpture représentant une sainte Femme, la conservation départementale de la Meuse a sollicité le C2RMF pour accompagner la restauration de cette œuvre exceptionnelle.
Cette sculpture d’une qualité et d’une finesse remarquables a été étudiée par un comité de suivi constitué de spécialistes de la sculpture lorraine et champenoise du début de la Renaissance.
La sculpture était dans un bon état général de conservation, à l’exception des brocards dégradés à cause de son exposition en extérieur. Elle avait également fait l’objet d’une restauration à la fin du 19ème ou au début du 20ème siècle, au cours de laquelle certains éléments avaient été restitués, notamment les mains et le bonnet.
Pour dresser le constat d’état et préciser les interventions de restauration, une série de clichés scientifiques a permis de dresser un bilan sanitaire de la statue et de comprendre sa structure.
Ainsi, des photographies sous fluorescence d’ultraviolet ont pu mettre en évidence des restes de badigeon (fluorescence jaune franche dans le bas du vêtement, cf. à gauche). Et grâce à la radiographie (cf. à droite), les goujons maintenant les pièces entre elles apparaissent nettement, identifiant clairement les éléments ajoutés. Ainsi par exemple au niveau du bras droit :
- le coude a été complété par une pièce en pierre fixée par deux goujons,
- le poignet a été refait,
- la main droite, déposée, et qui était un ajout d'une précédente restauration, venait s’assembler par un goujon dans le poignet.


Une observation minutieuse a permis de déceler des traces infimes de polychromie et de préciser les parties plus érodées en raison de l’exposition de la sculpture aux intempéries et de nettoyages peu minutieux.
En complément la pierre a été analysée au Laboratoire de recherche des monuments historiques, montrant que la Sainte Elisabeth a été sculptée dans une pierre similaire à celle du Sépulcre de Saint-Mihiel, l’une des œuvres attestées de Ligier Richier.
L’intervention sur la sculpture dans les ateliers du C2RMF avait pour objectif d’en améliorer la lecture et la stabilité en vue de sa présentation au musée. Elle a consisté en :
- nettoyage par microsablage à très faible pression,
- reprise des mortiers de comblements pour améliorer la lisibilité de l’œuvre,
- dérestauration de la main et de l’extrémité du bras gauche,
- création d’une semelle pour assurer sa stabilité.


La qualité des traits du visage, particulièrement la forme des yeux et des sourcils, ainsi que la précision et la finesse du traitement des détails, comme le nœud de la ceinture, complétés par des recherches en archives, tendent à confirmer une attribution de la sculpture à Ligier Richier.
Restaurateurs : Amélie Méthivier et Nathalie Bruhière
Intervenants C2RMF : Benoît Delcourte (conservateur du patrimoine, filière sculpture), Elsa Lambert (radiographie), Anne Maigret (photographie)
Comité de suivi scientifique : Geneviève Bresc-Bautier (directrice honoraire du département des Sculptures du musée du Louvre), Paulette Choné (professeur émérite des universités), Benoît Delcourte (conservateur du patrimoine, filière sculpture du département Restauration du C2RMF), Sophie Jugie (directrice du département des Sculptures du musée du Louvre), Marie Lecasseur (responsable du service de conservation et valorisation et des musées du département de la Meuse), Marion Boudon Machuel (professeur à l'université de Tours).