Statue de Saint Benoît de Palerme - étude d'œuvre et restauration
Détail du Saint Benoit de Palerme durant l'étude
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@C2RMF Alexis Komenda
Saint Benoît de Palerme, fils d’esclave et saint européen,
une statue composite et polychromée
Publié le 15/04/2024
Vidéo réalisée par le musée des Beaux-Arts d'Agen en collaboration avec le C2RMF.
@MBA d'Agen
Statut de Saint Benoit de Palerme en cours de restauration
@C2RMF Alexis Komenda
La statue de Saint Benoît de Palerme est venue au C2RMF pour une phase d’étude et d’analyse scientifique, précédant une importante phase de restauration.
1. Présentation de l'oeuvre
Amorcée au XVIe siècle en réponse à la Réforme protestante, la Contre-Réforme catholique se poursuit au XVIIe siècle, notamment à travers l’apparition d’une iconographie nouvelle. La sculpture connait elle aussi de profondes mutations (avec notamment une recherche de réalisme poussée à l’extrême) qui sont parfaitement incarnées par la statue de Saint Benoît de Palerme. Essentiellement composée de bois, le sculpteur a également utilisé d’autres matériaux, comme des cils fabriqués à partir de poils naturels ou l’ajout de dents en os, qui exacerbent les traits réalistes de saint Benoît. Enfin, le rendu de la peau et des tissus, conjointement par des sculpteurs et des peintres, atteint un grand degré d’illusionnisme.
image numérique en lumière réfléchie
@C2RMF Alexis Komenda
Fils d'esclaves africains de Sicile, Benoît de Palerme (1524-1589) – dit le Maure à cause de la couleur de sa peau – est affranchi à la naissance. Élevé dans la foi catholique par ses parents, fervents chrétiens, il devient ermite à l’âge de 20 ans avant d’entrer dans l’ordre des Franciscains. Cette représentation le montre vêtu de la robe de bure des frères franciscains, souriant, empreint d’allégresse et de ferveur.
La radiographie nous permet de voir que la sculpture est composée d’une pièce principale sur laquelle s’encastrent la tête et les mains. Seule la main droite est conservée. Des tourillons, visualisés sur les radiographies, renforçaient l’assemblage. Les mains, aujourd’hui vides, devaient tenir, à droite un crucifix (aujourd’hui disparu) et à gauche un cœur d’où perlaient sept gouttes de sang, symboles des sept vertus.
radiographie de face
@C2RMF Elsa Lambert
radiographie du buste de profil
@C2RMF Elsa Lambert
détail du bras gauche
@C2RMF Alexis Komenda
2. étude de la polychromie de l’œuvre
Plusieurs échantillons ont tout d’abord permis de mettre en évidence la technique d’exécution de la polychromie de la statue, qui consiste en l’application de deux couches de couleur : une sous-couche brune de terre riche en oxydes de terre, parsemée de nombreux petits grains de vermillon, suivie d’un rehaut brun plus intense « ébène », composé d’une terre riche en oxydes de fer. Ces couches de peintures reposent sur une couche de préparation permettant de recevoir la polychromie en isolant le bois.
Conclusion
Ainsi, ces études ont permis de mettre en avant que la polychromie de la statue de saint Benoît est bien la polychromie d’origine de l’œuvre, dont l’état de conservation est assez exceptionnel pour une œuvre en bois du XVIIIe siècle.
Département restauration :
Filière sculpture
Alexandra Gérard, chef de filière
Département recherche :
Groupe peinture
Nathalie Pingaud, polychromie
Groupe imagerie
Elsa Lambert, radiographie
Partenaires extérieurs
Restauratrices
Marie Louis
Sophie Joigneau
Responsable de l’œuvre :
Adrien Enfedaque, conservateur du musée des Beaux-Arts d’Agen