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Etude d'œuvre et restauration : Eléments de la salle du trône de Louis XVIII

épisode 1

Publié le 27/11/2023

Le département des Objets d’art du musée du Louvre ouvrira en 2024 une nouvelle salle consacrée au mobilier de la salle du Trône de Louis XVIII (1755-1824). Réalisé entre 1820 et 1822, cet ensemble de mobilier composé aujourd’hui, de deux fauteuils, d’un paravent, d’un écran de cheminée, de quatre torchères et du dais du trône, est un dépôt du Mobilier national au musée du Louvre. Toutes les pièces en bois sculpté et doré, sauf le dais, font l’objet d’une campagne de restauration au sein de l’atelier de restauration des bois dorés de la filière Arts Décoratifs du département Restauration du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). 

fig 2 : Fauteuils de représentation
fig 2 : Fauteuils de représentation

Pour la dernière salle du trône de la monarchie, un ensemble d’une rare magnificence fut conçu dans les premières années de la Restauration. A sa réalisation, allaient concourir toutes les Manufactures royales, le plus célèbre fabricant de soierie de Lyon, les meilleurs bronziers, doreurs, ébénistes, brodeurs et passementiers de Paris. Cette entreprise confiée à Jean-Démosthène Dugourc, dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne, dont la charge était de concevoir les dessins, pour le renouvellement complet du décor de cette pièce aux Tuileries (l’ancienne chambre du Roi). C’est par la conception d’un nouveau tapis, tissé à la Savonnerie, que débuta le renouvellement du décor. La salle du trône disposait de deux meubles textiles : un meuble d’été dont l’étoffe des panneaux de tenture, du pare-feu et du paravent est sur fond canetillé cramoisi avec double fond dentelle, broché et brodé de plusieurs ors, réalisé par la fabrique lyonnaise Grand frères; un meuble d’hiver en tapisserie de Beauvais.

Le mobilier en bois doré a été réalisé par François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841). La dorure a été confiée à Jean-François Lèbe considéré comme « le plus habile doreur de Paris » par l’intendant du garde-meuble Armand Thierry de Ville d’Avray (1773-1844).

La qualité exceptionnelle de la dorure est toujours visible sur les pièces conservées.
Le décor de la salle du Trône a été démonté progressivement après la mort de Louis XVIII en 1830. Le mobilier a été envoyé au Garde-Meuble, certains éléments ont été réutilisés sous Louis-Philippe, puis sous Napoléon III. A ce jour le trône n’existe plus, car il a été totalement détruit durant la révolution de 1848.
 

 Torchère GML/123/4
fig 6 : Torchère GML/123/4

Les torchères

Les torchères sont composées de treize pièces : un socle triangulaire concave mouluré et sculpté de feuilles de lauriers et sur lequel reposent trois chimères ailés surmontant une patte de lion et reliées par des guirlandes en forme de cordon de l’ordre de Saint-Michel. Elles sont adossées à un fût à double doucine sculpté de feuilles d’eau, de cordelettes, de godrons, surmonté d’un second socle à six côtés ornés de feuilles d’acanthes, de tiges de roseaux, d’écailles végétales et se terminant par une couronne de lauriers. Le troisième élément est constitué d’un bouquet de fleurs de lys surmonté d’un cône orné de rubans entrelacés agrémentés de perles dont les fonds laissent apparaître des écailles végétales. La partie supérieure de la torchère se termine par un quatrième élément constitué d’une représentation stylistique d’un tronc de palmier surmonté de grandes feuilles de palmes auxquelles sont accrochées des groupes de dattes.

La dorure est à la détrempe, les matériaux constitutifs des différentes couches sont les suivants : les apprêts, le jaune d’encollage, l’assiette rouge et la feuille d’or. Le décor est composé d’une reparure sur les apprêts, de parties matées avec une colle protéique diluée, dite « colle à mater » et de brunis qui consistent à polir la feuille d’or pour la faire briller sous la diffusion de la lumière, lui conférant un aspect « miroir ».

DE L'ETUDE A LA CONSERVATION-RESTAURATION

Les torchères présentent un état de conservation parfois un peu chaotique. Quelques éléments sculptés ont été cassés et perdus; on note un fort encrassement de la colle à mater, des coulures anciennes de cire de bougie, des usures de la feuille d’or, des soulèvements d’apprêts, des lacunes dans les préparations à différents niveaux et des oxydations de repeints métalliques. L’observation en lumière du jour et sous ultraviolet a toutefois permis d’identifier l’existence d’une dorure à la détrempe originelle et d’une intervention postérieure à la fabrication, par la présence notamment de repeints métalliques du XVIIIe du XIXe siècle et d’une bronzine, matériau utilisé à partir des années 1950.

Radiographie d’un fauteuil © C2RMF/Elsa Lambert
fig 13 : Radiographie d’un fauteuil

LE DÉFI DE LA RESTAURATION

Cette restauration, programmée sur deux années, est également l’occasion d’étudier la dorure sur bois du XIXe siècle datée. Des analyses, en radiographie ont permis d’observer les assemblages complexes non visibles des éléments des deux fauteuils. Les résultats au microscope optique sous lumière blanche et à balayage électronique ont caractérisé les strates et les éléments qui les composent. Dans le protocole de restauration, outre les méthodes traditionnelles de dorure sur bois, sera utilisé le laser afin de procéder aux dégagements des matières indurées des anciennes restaurations. Lorsque cela est nécessaire, la feuille de restauration, marquée à l’indium, sera utilisée. La traçabilité de la restauration, concerne également le matériau de comblement traçable dit « blanc marqué », dont la formulation est en cours d’élaboration et d’étude au C2RMF.Tant d’enjeux de conservation et de restauration sont à suivre dans les prochains épisodes.

 

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