Jésus parmi les docteurs (revers)
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François Ier et l'art des Pays-Bas

François Ier et l'art des Pays-Bas - études et restaurations au C2RMF

Publié le 27/10/2017

Dans le cadre de l'exposition au musée du Louvre François Ier et l'art des Pays-Bas (18 octobre 2017 - 15 janvier 2018), le C2RMF s'est vu confier l'accompagnement de la restauration de nombreuses œuvres, dont quatre sculpture et sept tableaux provenant des musées de Picardie (Amiens), de Vauluisant (Troyes) et de la Cathédrale de Beauvais.


Reliefs de l'orgue de la cathédrale de Beauvais

Relief orgue de Beauvais

Représentant probablement la Justice, la Prudence, l’Espérance et la Foi, les quatre reliefs en bois polychromé ont été conçus par les artistes beauvaisiens Scipion Hardouin et Adam Cacheleu en 1531. Ils étaient destinés à orner le buffet du nouvel orgue de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, commandé à deux facteurs lyonnais, Alexandre et François des Oliviers.

De l’orgue, détruit en 1827, seuls sept reliefs sont aujourd’hui conservés dans le trésor de la cathédrale : la présentation des quatre Vertus au Louvre nécessitait leur restauration. En effet, l’ensemble du buffet d’orgue ayant été repeint dans une teinte faux-bois en 1785, les reliefs étaient recouverts d’une couche de peinture marron épaisse qui laissait toutefois transparaître quelques îlots de polychromie sous-jacents. En 2016, une étude préalable à la restauration a permis de déterminer que sous la couche moderne, la polychromie originale semblait bien conservée.

La restauration des reliefs a été effectuée dans les ateliers de restauration de sculpture du Pavillon de Flore du C2RMF. Le long travail de dégagement chimique et mécanique du badigeon marron a révélé la polychromie originale dans un état de conservation et de fraîcheur remarquable. Particulièrement soignée et recherchée, celle-ci se caractérise par l'usage abondant de feuilles d'or et d'argent, parfois rehaussées de glacis rouges ou verts, et par une gamme colorée à dominante blanche, bleue et rouge.

Des prélèvements ont été effectués afin de documenter la polychromie originale réalisée à Beauvais dans les années 1530. Les analyses ont notamment révélé une mise en œuvre particulière des carnations comme le montre la coupe stratigraphique ci-dessous qui indique que l'intervention originale comportait une sous-couche, contenant du minium, et une couche picturale, contenant du vermillon.

Les reliefs de l’orgue de Beauvais constituent un témoignage unique et particulièrement bien documenté de l’art des sculpteurs et peintres beauvaisiens des années 1530. La restauration des trois autres reliefs, programmée en 2019 par la DRAC des Hauts-de-France, devrait être également réalisée au Pavillon de Flore avec l’assistance de la filière sculpture du département restauration du C2RMF.

coupe stratigraphique et étude des carnations
coupe stratigraphique et étude des carnations

Les puys d'Amiens - Musée de Picardie (Amiens)

Au juste pois véritable balance, dit Puy de 1518

Le musée de Picardie prête trois Puys d'Amiens à l'exposition du Louvre. Le Puy dit de 1518 est le seul des trois à être montré dans son cadre original en chêne sculpté, autrefois polychrome.

Offert à la cathédrale d'Amiens par Antoine Picquet, conseiller au Parlement de Paris et procureur du roi, ce chef d'œuvre de la peinture française de la Renaissance fait allusion à l'élection impériale de juin 1519 lorsque, au terme d'une rivalité de plus de deux ans, la balance pencha finalement en faveur du futur Charles Quint, au détriment de François Ier.

Le maître d'Amiens, peintre de culture anversoise, proche de Jan de Beer, atteint des sommets de virtuosité dans cette composition préparée par un dessin sous-jacent échevelé, que l'on discerne par transparence accrue notamment dans les drapés et rendu visible par la réflectographie infrarouge (cf. ci-dessous). On note une remarquable circulation de la couleur et une technique impeccable, malgré les délais serrés de la commande : les vêtements pourpres du cardinal qui fait la transition entre le premier et le second plan sont entièrement montés en glacis de laques. Des rehauts d'argent ont été redécouverts sur les costumes et le dallage à la faveur du nettoyage approfondi de la peinture. Il doit manquer quelques touches sur les degrés situés aux pieds du roi de France, où l’on lisait la date : « M VC XIX ».

En partie inférieure, la couche picturale était lacunaire. Les restauratrices proposent ici un nouveau type de réintégration visible, en camaïeu de beige. La totalité des puys confiés à l'équipe et restaurés avec l'assistance de la filière peinture du département Restauration du C2RMF seront montrés au public, à la réouverture du musée de Picardie, en 2019.


Le Songe de Joseph (avers), Jésus parmi les docteurs (revers) - musée de Vauluisant (Troyes)

Ce volet de triptyque, dû à Bartholomeus Pons, dit le Maître de Dinteville, a la particularité d'avoir conservé son cadre original en chêne portant des inscriptions latines en rapport avec la scène du Songe de Joseph : « L'ange du Seigneur apparut à Joseph en songe, en Egypte, disant : « Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d'Israël » (Matthieu 2, 20).

La restauration a révélé l'élégante polychromie rouge et or du revers peint en grisaille, Jésus parmi les docteurs. Attaqué par des insectes, le panneau a été anciennement retaillé sur sa hauteur et remis dans son cadre, complété d'une alèse. Les restaurateurs de support bois ont repris toute la structure du panneau et du cadre

La restauration de la couche picturale a consisté à nettoyer la peinture et son cadre de leurs anciens vernis de restauration et repeints, devenus discordants. L'audace chromatique et la force plastique de ce peintre romaniste, visiblement marqué par Raphaël et Michel-Ange, ont été retrouvées. La réintégration, de type illusionniste, a conservé les usures du cadre et les nombreuses brûlures de cierge sur le revers, altérations caractéristiques des tableaux d'autel qui confirment le séjour prolongé de la peinture dans une église. Le panneau était un volet de retable, sans doute celui d'une confrérie de menuisiers champenoise, comme le laissent penser les outils traités en nature morte sur l'avers. La date de 1541 apparaît en trompe-l'œil, comme gravée dans le siège sur le revers.

Le musée ayant également confié au C2RMF le Lavement des pieds de Grégoire Guérard, daté de 1519, la comparaison entre les dessins sous-jacents du maître et de l'élève a semblé particulièrement intéressante : alors que Guérard est plus expressif et plus graphique, suggérant davantage les ombres par des hachures, Pons est sûr de son trait et plus sculptural.

Information : réduction des activités sur le site de Versailles
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