bande groupe peinture

Groupe Peinture-Polychromie-Arts Graphiques

Présentation

De nombreuses typologies d’œuvres sont au cœur des travaux du groupe Peinture : peinture de chevalet, sculpture (antique, médiévale et moderne), objet archéologique, mobilier, objets d’art ou encore dessins, gravures, manuscrits… Il s’agit d’étudier les matériaux peints, imprimés ou dessinés par le prisme des matériaux et des mises en œuvre afin de : 

  • préciser les techniques artistiques,
  • établir des critères de datation et/ou d’attribution,
  • différencier les pratiques originales d’interventions ultérieures,
  • étudier les mécanismes d’interaction entre constituants des œuvres et environnement de conservation,
  • évaluer les niveaux d’altération,
  • suivre leur histoire matérielle,
  • préciser le statut des œuvres (original, esquisse ou réplique par exemple),
  • procéder à des expertises, notamment avant acquisition par les musées de France ou donation ou encore lors d’enquêtes dans le cadre de la lutte contre le trafic de biens culturels.

Le groupe Peinture réunit des compétences multiples en histoire de l’art, en histoire des techniques, en sciences des matériaux et en sciences analytiques qui se reflètent dans la composition de l’équipe. Cette richesse permet une approche interdisciplinaire des œuvres en mettant en valeur l’histoire technique de l’art, les réseaux sociaux-professionnels mobilisés par la création artistique de même que les processus de transformation des œuvres, vus au travers de leur matérialité et de leur conservation.

En 2022, plus de 120 peintures, objets polychromés, manuscrits et dessins ont été étudiés par le groupe. Parallèlement, une large campagne d’analyse de décors peints et de stucs dorés engagée en 2022 se poursuit en 2023 dans le cadre du suivi et l'assistance à la restauration des plafonds peints des appartements de la Reine au musée du Louvre. Il est à noter que les activités du groupe s’organisent en une répartition homogène entre ce qui relève d'accompagnement à la restauration et de recherche sur les collections, avec une proportion importante des études menées sur les collections des musées nationaux. Le groupe encadre des étudiants en Licence ou Master, des doctorants, des post-doctorants, et accompagne également des travaux d’élèves restaurateurs. Il participe à des expertises, sollicitées essentiellement par les musées nationaux, qui nécessitent une activité très soutenue, et font appel à un niveau d’expérience et savoirs poussés.

La méthodologie d’étude rassemble différents types d’examens et d’imagerie scientifique associés à des techniques analytiques non invasives multi-échelles et des micro-prélèvements, mobilisés selon la problématique et le cadre de travail.

Les techniques d’analyses non invasives sont l’imagerie hyperspectrale (RIS) ; la spectroscopie de fluorescence de rayons X (SFX) en mode ponctuel ou en cartographie ou en configuration confocale (équipement en développement – ANR Depth Paint); la diffraction de rayons X (DRX) et la spectrométrie infrarouge à transformée de Fourier (IRTF).

Les prélèvements sont étudiés par microscopie optique, tests microchimiques, microscope électronique à balayage couplée à de l’analyse X (MEB-EDS), microscopie infrarouge à transformée de Fourier (lointain et moyen infrarouge) et structuralement par DRX ou encore par spectrométrie Raman. Les prélèvements sont conservés et archivés à l’issue de l’étude pour pouvoir être réexploiter. 

Les données sont interprétées et discutées puis restituées sous forme de rapport de synthèse constituant ainsi une documentation pérenne de l’œuvre, conservées dans la base de données EROS du C2RMF. Les résultats sont également communiqués via des publications scientifiques, des catalogues d’exposition, des thèses doctorales, etc.

Focus sur la peinture de chevalet

La maison du pendu à Auvers-sur-Oise de Paul Cézanne, détail binoculaire de la superposition des touches de peinture
La maison du pendu à Auvers-sur-Oise de Paul Cézanne, détail binoculaire de la superposition des touches de peinture

L’étude des peintures de chevalet s’appuie sur un croisement de compétences, d’examens et d’analyses, et sur une collaboration étroite avec les conservateurs et les restaurateurs. L’approche est centrée autour de l’examen détaillé de l’œuvre au stéréo microscope, complétée à la lumière des informations essentielles procurées par l’interprétation du dossier d’imagerie, de la radiographie et de la réflectographie infrarouge. La combinaison de ces différents résultats, en lien avec l’historique de l’œuvre et des interventions passées, permet d’apporter des informations sur les principaux éléments constitutifs de l’œuvre (support et sa préparation, éventuels dessins sous-jacents, succession des couches picturales, vernis et repeints) et leur élaboration. Des analyses non-invasives par SFX parfois complétées par DRX, sont également menées pour caractériser les pigments composant la palette. Des prélèvements micrométriques sont réalisés pour approfondir la stratigraphie des couches et leur composition, en particulier en support aux problématiques attenantes à la restauration des œuvres. Ces derniers sont étudiés par microscopie optique, MEB-EDS), IRTF et ponctuellement par spectrométrie Raman.

Exemples de travaux : La mort de Sardanapale, Eugène Delacroix (étude de la palette et de la préparation) ; La Vierge à l’Enfant du chancelier Rolin, Jan VAN EYCK (musée du Louvre) étude et suivi de restauration ; Maesta, Cimabue, musée du Louvre (suivi de la restauration et étude) ; Francisco de Goya, Les Jeunes (Lille, palais des Beaux-Arts, Lille) ; Maître de Dunois, Ecole nationale supérieure des beaux-arts Paris, Vierge à l’Enfant et saint Jean-Baptiste, atelier de Botticelli (Eglise de Champigny-en-Beauce) (étude pour attribution).

Focus sur la polychromie antique et médiévale

vierge de pitié

La connaissance de la matérialité des différentes interventions est essentielle pour mener à bien la restauration, mais également pour tenter d’identifier des ateliers, des provenances ou affiner la datation des œuvres. La polychromie se caractérise, pour les objets archéologiques, par une importante complexité : d’une part concernant les matériaux employés, qui présente une forte hétérogénéité du fait de provenances très diversifiées sur une fourchette chronologique de près de trois millénaires. L’utilisation de matière première naturelle est un autre facteur de complexité, par sa diversité, dans l’interprétation des données analytiques. D’autre part, les œuvres présentent de manière générale des faciès d’altérations liés au contexte d’enfouissement dont il faut également tenir compte. C’est enfin l’aspect bien souvent très résiduel de la polychromie qui impose la mise en place d’une méthodologie spécifique, adaptée à chaque objet étudié. 

Ce champ d’étude est tout aussi complexe lorsqu’il s’agit de sculptures médiévales. Nous sommes alors en présence, dans bon nombres de cas, d’une polychromie originale recouverte de nombreux repeints, partiels ou présents sur la totalité de l’œuvre, qui demeurent parfois en très bon état sous l’actuelle mise en couleur. L’une des principales problématiques est alors d’établir, en lien avec les observations des restaurateurs, un tableau stratigraphique des différentes interventions, enrichissant ainsi la connaissance de l’histoire de l’œuvre et apportant des éléments essentiels concernant les choix de restauration.

Exemples de travaux : figurines en terre cuite grecques, portraits peints de momies, ensemble funéraires égyptiens, grands ensembles de sculptures en pierre ou bois peints et sculptés : tombeau de Philippe Pot, sculptures de la sainte Chapelle, retable d’Issenheim….

Focus sur les arts décoratifs

Panneau laqué les Sénégalaises, Jean Dunand, musée du Quai Branly, en cours d’analyses par fluorescence X
Panneau laqué les Sénégalaises, Jean Dunand, musée du Quai Branly, en cours d’analyses par fluorescence X

Le groupe a développé une expertise dans le domaine des arts décoratifs (mobilier, objets d’art, boiseries) en s’attachant à l’étude de la couleur, ou à la recherche de traces de décors largement disparus car décapés, de sa représentation et son traitement dans les décors d’ameublement et les boiseries. 

Exemples de travaux : acquisition d’un bureau art Nouveau de la Valtesse de la Bigne par le musée des Arts décoratifs ; restauration de panneaux monumentaux de laque peinte de Jean Dunand du musée du Quai Branly aujourd’hui réinstallés au Palais de la Porte Dorées ; restauration de décors de boiserie peints de deux cabinets du château de Versailles. 

Focus sur les arts graphiques

Les arts graphiques englobent une très grande variété de techniques et d’objets de la production artistique de l’antiquité à nos jours (dessin, pastel, aquarelle, gouache, gravure, manuscrit, papier peint, etc.). Ce travail d’analyse est toujours mis en œuvre en étroite collaboration avec les conservateurs des collections muséales en question ou les restaurateurs intervenant sur ces objets. Les techniques utilisées sont l’imagerie scientifique [Photographies en lumière visible (VIS), en lumière rasante (RAK), en lumière transmise dans le visible (TLVIS) et dans le proche infrarouge (TLIR); réflectographies infrarouge (IRR) et ultraviolette (UVR); images composites infrarouge fausse couleur (IRFC) et ultraviolet fausse couleur (UVFC); photographie de la fluorescence en lumière visible induite par ultraviolet (UVF); image composite PCA fausse couleur; radiographie (XRR); microscopie optique (OM); reflectance transformation imaging (RTI)] et les techniques spectroscopiques et structurales [Spectroscopie de réflectance (FORS); RIS; spectroscopie de fluorescence de rayons X (XRF) en mode ponctuel ou en cartographie; DRX; IRTF; spectroscopie Raman.

Exemples : Etude des tracés invisibles de dessins de Raphaël (PBA, Lille) ; étude de la toxicité des matériaux arséniés dans les papiers peints du XIXème (MAD, Paris) ; étude de la confection du manuscrit Les Très Riches Heures du duc de Berry (Musée Condé, Chantilly).

Observation sous loupe binoculaire du dessin Résurrection (ca. 1880), Auguste Rodin, musée Rodin, en vis-à-vis avec les images VIS, IRR et UVF
Observation sous loupe binoculaire du dessin Résurrection (ca. 1880), Auguste Rodin, musée Rodin, en vis-à-vis avec les images VIS, IRR et UVF

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