Dans la Grèce antique, les aristocrates n’étaient pas les derniers pour festoyer à l’occasion de fréquents banquets : en témoigne cette grande coupe athénienne du milieu du VIe siècle, décorée par jeu de dauphins qui semblent plonger gaiement dans le vin. Les jeunes hommes des meilleures familles aimaient aussi à se mesurer dans des courses de chevaux, occasion d’éprouver leur valeur personnelle (aristeia), comme le rappelle le décor de l’autre face. À la suite d’un bris accidentel, conséquence d’une restauration ancienne à la gomme-laque fragilisée, le musée du Louvre a confié cet objet au C2RMF pour restauration.
La coupe est brisée en près de 90 fragments et présente des lacunes, en particulier entre le pied et la panse, non jointifs. Les joints de gomme-laque, épais, sont devenus très cassants et brun-rouge sombre ; il n’y a eu qu’une seule nouvelle ligne de cassure créée par le choc, tous les autres fragments s’étant séparés à l’interface adhésif-tesson.
La coupe doit faire l’objet d’une restauration fondamentale : dérestauration, collage des fragments, comblements permettant le soutien de la vasque sur le pied (qui sera conservé), et comblement et réintégration colorée des éclats et lignes de cassure.
Le traitement, en cours, a commencé par des tests de solubilité pour la dérestauration et le nettoyage de surface : si la gomme-laque se ramollit bien dans des vapeurs d’éthanol, la difficulté est de trouver une méthode permettant le retrait des résidus sur les tranches et l’atténuation des taches créées par l’adhésif sur la terre cuite poreuse. La vapeur d’eau sous pression ainsi que différents solvants et complexants sont testés, en compresses ou au bâtonnet de coton, pour tenter de réduire ces taches.