Le C2RMF vous propose de suivre les recherches et restaurations conduites sur ce chef-d'œuvre à travers une chronique, en commençant par ce premier épisode.
Le triptyque de Moulin fait l’objet d’un projet d’étude et de restauration au C2RMF en partenariat avec la DRAC Auvergne Rhône-Alpes. Pendant ce temps, d’importants travaux sont engagés dans la sacristie de la cathédrale de Moulins où retournera le triptyque, pour mieux assurer sa conservation.

L’histoire de l’œuvre
Le triptyque dit « du Maître de Moulins » - aujourd’hui attribué au peintre flamand Jean Hey - propriété de l’État et affecté au culte, est un chef-d’œuvre de la peinture occidentale à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance.
Ces panneaux peints sur bois ont été réalisés à l’extrême fin du XVe siècle à la demande de Pierre II de Bourbon et d’Anne de Beaujeu, son épouse, sans doute pour orner la collégiale de Moulins, devenue ensuite cathédrale.
Les trois panneaux du triptyque furent dissociés à une date inconnue et dispersés dans la cathédrale. En 1838, Prosper Mérimée (1803-1870), alors inspecteur de Monuments historiques, redécouvre le chef-d’œuvre. Les éléments sont alors rassemblés et présentés dans la sacristie des Évêques, attenante à la cathédrale, conçue en 1894, pour l’accueillir.
Le triptyque représente en position fermée (ce qui était le cas la majeure partie de l’année) une Annonciation en grisaille ; et en position ouverte (pour les grandes fêtes liturgiques) la Vierge couronnée sur le panneau central et les commanditaires présentés par leurs saints patrons respectifs (saint Pierre et sainte Anne) sur les volets latéraux.
Le projet de conservation, de restauration et de valorisation du Triptyque du Maître de Moulins

En 2018 suite à une campagne d’imagerie (UV, IR, visible en lumière directe et rasante) réalisée in situ par le C2RMF, une étude préalable à la restauration a été faite par une équipe de restaurateurs indépendants.
Le triptyque présente de légers désordres structurels dus aux variations hygrométriques du lieu de conservation et aux contraintes exercées par différents éléments rapportés lors de précédentes interventions de restauration. Par ailleurs l’aspect esthétique de la peinture est fortement perturbé par la présence de nombreux repeints désaccordés et de couches de vernis oxydés qui recouvrent la surface.
L’objectif de l’intervention de restauration est à la fois conservatoire et esthétique. Elle visera à stopper le processus de dégradation et à rétablir l’unité structurelle de l’œuvre afin d’en assurer la pérennité. Le traitement fondamental de la couche picturale aura pour objectif d’améliorer la lisibilité et l’aspect esthétique de l’œuvre. La campagne de restauration sera également l’occasion d’approfondir la connaissance du triptyque du Maître de Moulins.

Un comité scientifique international, comprenant le clergé affectataire (évêque, recteur de la cathédrale), la maîtrise d’ouvrage (DRAC), l’Inspection des monuments historiques et une quinzaine de personnalités (président du Centre des monuments nationaux, directrice du Laboratoire de recherche sur les monuments historiques, directeur du Centre de recherche et de restauration des musées de France) et de spécialistes du sujet (conservateurs du Louvre, universitaires, restauratrice des musées royaux de Belgique, etc.), a été constitué pour encadrer la restauration.
En novembre 2022, le triptyque de Moulins est arrivé au C2RMF pour investigations scientifiques et restauration.
Des examens complémentaires vont ainsi pouvoir être réalisés sur l’œuvre :
- radiographie
- dendrochronologie
- micro-fluorescence X et mesures en cohérence optique pour caractériser la palette et la technique d’exécution
Les travaux d’aménagement de la sacristie et de mise en accessibilité de la cathédrale seront réalisés pendant l’absence du triptyque.
Pour en avoir plus sur les premières observations et investigations scientifiques sur le triptyque voir notre deuxième épisode ici.
Equipe C2RMF
Département Recherche
• Myriam Eveno, chimiste
• Johanna Salvant, chimiste
• Eric Laval, ingénieur en charge de l’analyse par fluorescence X
• Clotilde Boust, responsable du groupe imagerie
• Anne Maigret, photographe
• Alexis Komenda, photographe
• Philippe Salinson, photographe-radiologue du patrimoine
• Catherine Lavier, dendrochronologue
Département Restauration
• Dominique Martos-Levif, ingénieure d’étude et pilote du projet
Département Conservation Préventive
• Julie Rolland, responsable de la régie
• Martina Lange-Brejon, régisseuse
Documentation
• Véronique Reuter, documentaliste
Partenaires extérieurs (restaurateurs indépendants)
Étude préalable à la restauration :
- Arcanes avec Cinzia Pasquali, Salvatore Meccio, Jean-Baptiste Bodiguel, Alice Aurand
Assistance au transport de l’œuvre :
- Françoise Auger Feige, Séverine Françoise, Marie Dubost, Gert van Gerven, restaurateur
Responsables de l’œuvre
• DRAC Auvergne Rhône-Alpes. Pierre Taillefer et Samuel Gibiat, conservateurs du patrimoine