parure de Callais
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Carnac - La parure en callaïs du néolithique européen

Provenance et relations entre les péninsules ibérique et armoricaine

Publié le 23/07/2015

Les questions historiques inhérentes à la recherche

Pline l'Ancien l'appelait la callaïs. Cette pierre verte, proche de la turquoise par sa couleur et sa composition (phosphate d'aluminium), s'appelle en réalité "variscite". Un nom dérivé de Variscia, appellation historique du Vogtland en Allemagne. Ce minéral a été utilisé dès la préhistoire et le néolithique comme élément de parure en Europe occidentale et notamment sur les côtes de l'Atlantique et le nord-ouest de la Méditerranée.

fouille archéologique d'une tombe au XIXe siècle
fouille archéologique d'une tombe au XIXe siècle

La parure en callaïs a très tôt suscité un intérêt de la part de la communauté scientifique : dès le XIXe siècle (cf. photo ci-dessous), les premiers archéologues mettaient au jour de remarquables séries de perles et de pendeloques de couleur vert clair caractéristique, notamment dans les riches tombes préhistoriques des grands tumulus de Carnac. Les récentes découvertes tant archéologiques que géologiques des dernières décennies ainsi que le développement de nouvelles méthodes de caractérisation des gemmes ont permis de renouveler la vision et l'interprétation de ces éléments de parure dans leur contexte historique. De nombreuses questions ont ainsi pu être soulevées, constituant l'objet de ce programme de recherche international piloté par Guirec Querré :

  • D'où proviennent les gemmes exhumés dans le Morbihan ? S'agit-il d'échanges de proximité ou à longue distance ?
  • Les populations néolithiques de l'ouest de la France s'apprivisionnaient-ils à partir d’une ou plusieurs sources ?
  • Les sources d'apprivisionnement ont-elles évolué au cours des trois millénaires concernés par cette étude ?
  • Enfin, la répartition des sites est-elle liée à la provenance des gemmes ?

 

Démarche pour la détermination de la provenance

De nombreuses étapes ont guidé la détermination de la provenance des gemmes retrouvées au coeur des grands tumulus carnacéens.

  1. En premier lieu, il a tout d'abord été question de collecter des échantillons de variscite provenant des différentes sources européennes (principalement en Europe occidentale : péninsules ibérique et armoricaine), afin d'en caractériser les spécificités géologiques. Une analyse élémentaire (de composition) de ces échantillons a ensuite été effectuée à l'aide d'AGLAE par méthode PIXE. 
  2. Dans un second temps, les données obtenues ont été rassemblées pour constituer un modèle chimiométrique de provenance et afin de faciliter la comparaison des gemmes carnacéennes avec les différents gisements (notamment Palazuelo, Gava et Encinasola en Espagne ; Pannecé en France)
  3. Les analyses par PIXE ont ensuite été conduites sur le corpus de gemmes exhumées. S'agissant d'objets précieux, des méthodes non invasives (sans prélévements) et non-destructives (sans altération de la matière) ont effectivement été préférées. Les résultats, une fois comparés au modèle chimiométrique, ont ainsi permis d'attribuer (ou non) une provenance par occupation néolithique.

 

Conclusions - Colloque et exposition

 

perles
  1. Aucun objet ne provient de Pannecé (Bretagne). Ils ont tous une origine ibérique : échanges longue distance ;
  2. Aucun objet ne provient d’El Bostal (Galice) ;
  3. Paradoxalement, aucun objet ne provient de Gava (Catalogne), il s'agit pourtant du seul gisement présentant des vestiges avérés d'exploitation minière au néolithique. Les échanges concernent donc uniquement la façade atlantique, pas d’échange avec l’espace méditerranéen ;
  4. Seulement deux sources ont été exploitées pour fournir les parures carnacéennes (malgré aucune trace d'exploitation sur site décelée à ce jour) : Encinasola (Andalousie) et Palazuelo (Castille et Léon) ;
  5. Les perles des sites les plus anciens proviennent d'Encinasola ;
  6. Celles ayant été exhumées sur les sites les plus récents proviennent de Palazuelo : changement d’approvisionnement vers 4.000 ans av J.C.

évolution de la provenance de la variscite de l'ouest de la France au cours du néolithique
évolution de la provenance de la variscite de l'ouest de la France au cours du néolithique

Suite à ces conclusions révélées lors du colloque internationale (1er et 2 Avril 2015), le Musée de Préhistoire de Carnac - aussi appelé Musée archéologique James Miln, Zacharie Le Rouzic - présente donc, sur l'année 2015, une exposition temporaire regroupant une cinquantaine de parures en variscite ainsi qu’une série d’échantillons géologiques. Ces objets ont été prêtés pour l'occasion par le Musée d’Archéologie Nationale (Saint-Germain-en- Laye), le Musée départemental Dobrée (Nantes), le Musée de Normandie (Caen), le Musée de Préhistoire Finistérienne (Penmarc’h), l’Université Rennes 1 et la lithothèque du Laboratoire Archéosciences (Rennes).

L'exposition développe les recherches entreprises autour de ces perles précieuses à travers six thématiques :

- Les premières découvertes de parures en « callaïs » en Morbihan au XIXe siècle ;
- La minéralogie et les conditions de formations géologiques de la variscite ;
- Les méthodes d’analyse ;
- Les gisements de variscite exploités au Néolithique en Espagne ;
- L’utilisation des perles et pendeloques (rôle social, fonction funéraire et symbolique) et les contextes de découvertes ;
- La variscite après le Néolithique
 

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