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Étude et restauration de La Vierge et l’Enfant de Michel Colombe

Une acquisition du département des Sculptures du musée du Louvre confiée au C2RMF pour étude et restauration

Publié le 22/03/2024

Introduction

Récemment acquise par le musée du Louvre, La Vierge et l'Enfant, une sculpture en terre cuite attribuée à Michel Colombe connue aussi sous le nom de « Vierge de La Carte », a fait l'objet d'une étude scientifique, matérielle et historique, puis d'une restauration par la filière Sculpture du C2RMF. L’objectif était de mieux comprendre l’histoire matérielle de l’objet et d’améliorer son état de présentation en vue de son exposition au sein du département des Sculptures du musée.

À son arrivée au C2RMF, la statue a été photographiée (lumière directe et UV) et radiographiée pour tenter de mieux comprendre sa mise en œuvre et ses altérations. L’œuvre était en effet partiellement couverte d’un badigeon plus ou moins épais qui ne permettait pas d’appréhender son état. Dans un premier temps, l’étude de l’œuvre a consisté en un constat et des tests de nettoyage, qui ont révélé une surface beaucoup plus complexe que prévu. En accord avec le musée du Louvre, les restauratrices Hélène Susini et Azzurra Palazzo ont poussé plus loin le nettoyage de manière à mieux comprendre le processus de mise en œuvre mais aussi les altérations de l’objet. Les observations de la surface à l’œil nu et sous loupe binoculaire, le dossier d’imagerie et le dossier documentaire de l’œuvre, considérablement enrichi pendant l’intervention, ont permis de mieux comprendre l’histoire complexe de cet objet.
 

L’œuvre en cours de nettoyage par Hélène Susini et Azzurra Palazzo : les parties restituées (éléments du voile et du drapé de la Vierge, bras droit de la Vierge, mains du Christ) apparaissent en orange vif.
L’œuvre en cours de nettoyage par Hélène Susini et Azzurra Palazzo : les parties restituées (éléments du voile et du drapé de la Vierge, bras droit de la Vierge, mains du Christ) apparaissent en orange vif.

La création même de l’œuvre a fait l’objet de tâtonnements : si le modelage est de très belle qualité, l’évidement de la sculpture, insuffisant, a entrainé des fissurations du matériau lors du séchage et de la cuisson ; cette dernière n’a pas été totalement maîtrisée sur le plan technique, entraînant notamment des colorations très contrastées en surface. La statue, considérée comme la terre cuite de grand format la plus ancienne conservée en France, témoigne du caractère expérimental de la réalisation de sculptures de ce type au début du XVIe siècle. 

Ces fragilités intrinsèques, ainsi que la réalisation de moulages de la Vierge à la fin du XIXe siècle ou au tout début du XXe siècle ont sans doute contribué aux altérations structurelles visibles en surface : plusieurs éléments de la sculpture, notamment le bras droit de la Vierge, la plupart des doigts des personnages et une partie de son voile ont été restitués en terre cuite, et fixés sur l’œuvre originale au moyen de plâtre ; ces réfections étaient masquées par un badigeon. L’œuvre a également été découpée à la taille, et l’enfant a été séparé de sa mère avant d’être remis en place. Des analyses de terre via AGLAE ont confirmé que ces restitutions étaient d'une nature différente de la terre d'origine, contredisant des analyses menées au LRMF dans les années 1970 et qui concluaient à l’authenticité du bras droit.

En accord avec le comité scientifique réuni autour de cette opération, il a été décidé de retirer tous les comblements au plâtre, mais de conserver les parties en terre cuites modernes. Ces dernières, d'une qualité plastique intéressante, permettaient de restituer un modelé assez proche de l’état le plus ancien connu par la photographie, vers 1900. Le nettoyage s'est d'abord réalisé à l’eau pour ramollir le plâtre, ôté au moyen de scalpels et de bâtonnets de coton. Il a été complété par un nettoyage au laser pour atténuer certaines tâches sombres. La qualité de la terre cuite originale a ainsi pu être retrouvée, malgré les accidents et défauts visibles.
 

Schéma montrant les restitutions en terre cuite (en rose) et les principaux comblements au plâtre (en bleu)
Schéma montrant les restitutions en terre cuite (en rose) et les principaux comblements au plâtre (en bleu)

Les fissures ont été partiellement comblées de manière à les atténuer sans pour autant les masquer. Les retouches sur l'œuvre ont essentiellement concerné les parties refaites : réalisées au moyen de points de couleur à l’aquarelle ou aux pigments naturels, elles ont visé à harmoniser les restitutions en terre cuite avec l'état de la terre cuite originale. La retouche, visible de près, permet de laisser visibles les traces de l’histoire complexe de la Vierge et l’Enfant tout en rendant son unité visuelle à ce chef-d’œuvre, qui a rejoint le parcours permanent du musée du Louvre en mars 2024.

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