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Etude : plafonds des anciens appartements de la Reine – Musée du Louvre

Rotonde de Mars (408), Salon de la Reine (409), Salle des Saisons (410), Salle de la Paix (411), Salle de Septime Sévère (412), Chambre de Parade (413), Salle des Empereurs (414)

Publié le 01/06/2024

Les anciens appartements de la Reine ont été conçus par l’architecte Louis le Vau entre 1655 et 1658 dans le style des palais florentins. Ces appartements et leurs plafonds ont été remaniés et restaurés plusieurs fois avant de connaître leur forme et leur décor actuels. Probablement inachevés au XVIIe siècle, les décors ont été complétés au XIXe siècle, lors d’une restauration de grande ampleur sous la direction de Lefuel.

Un chantier d’ampleur de restauration/conservation de ces plafonds, a débuté en 2021 afin de connaitre l’état sanitaire de chaque salle (fresques, stucs décoratifs, sculptures et dorures) et entreprendre les restaurations nécessaires à leur conservation, tout en articulant la ligne directrice de la restauration de Lefuel (19ème s.) avec les éléments de décors du 17ème s. conservés.

Notons que plusieurs campagnes ont eu lieu au cours du XXème s., notamment la campagne de Mme Bertaux en 1982-1985, ainsi qu’une étude de M. Pontabry en 2015.

Le laboratoire du C2RMF a été sollicité pour accompagner les observations et questions des restaurateurs pour mieux comprendre les différentes interventions passées, tout en suivant un fil conducteur permettant une cohésion de restauration entre chaque salle, basée notamment sur les décors en stuc. 

Des prélèvements et analyses d’échantillons ont donc été effectués salle par salle, et sur les différents décors présents dans chacune d’elles, notamment sur les décors en reliefs tels les stucs peints, dorés, ou en faux-bronze.
 

Plan des salles du Louvre

Traitement des échantillons

Tous les échantillons ont été préparés sous forme de coupes stratigraphiques (fig. 2). Après analyses, elles sont conservées de façon pérenne et intègrent l’échantillothèque COREF du C2RMF, riche de plus de 20000 exemplaires.

prelevement d'échantillons schéma

Les stucs peints

Qu’il s’agisse des stucs XVIIème siècle ou XIXème siècle, tous sont recouverts d’une épaisse couche de blanc de zinc. Cette dernière a souvent été appliquée en deux ou trois passages, comme le montre les images électroniques. Une nouvelle application (repeint) est parfois présente à sa surface, comme l’illustrent les deux exemples ci-dessous, avec une démarcation de salissures bien différenciée entre les deux campagnes de repeint. 

D’une manière générale, les déclinaisons stratigraphiques des stucs peints révèlent que l’état des stucs était à l’origine brut ou éventuellement rehaussé d’une patine aujourd’hui non décelable. C’est à partir de la campagne de Lefuel (XIXème siècle) que tous les stucs ont été recouverts de blanc de zinc, pigment commercialisé et utilisé couramment à partir du milieu du XIXème siècle.  

Les seconds repeints ne sont pas systémiquement observés, il s’agit probablement de campagne(s) plus restreinte(s) effectuée(s) plus tardivement, sans doute pour une meilleure harmonisation avec l’ensemble proche des décors.

Treize échantillons ont été prélevés sur l’ensemble des plafonds. Les deux exemples ici, concernent la salle 409 (Salon de la Reine). 

Les stucs dorés

A l’exception des stucs confectionnés au XIXème siècle, les décors des stucs dorés comportent, dans leur grande majorité, deux applications de feuille d’or. La première dorure, qui correspond à l’état XVIIème siècle, est souvent précédée d’une préparation jaune, mélange de blanc de plomb, de carbonate de calcium et de terre riche en oxydes de fer dans un liant gras. La seconde mise en dorure correspond à l’intervention du XIXème siècle. Sa technique a consisté à l’application d’une feuille d’or sur une mixtion chargée au jaune de chrome, pigment très couramment employé au XIXème siècle.

Douze échantillons ont été prélevés sur six salles. L’exemple illustré concerne le médaillon doré « Neptune », situé sur le mur Est de la salle des Saisons (salle 410).

Les stucs faux-bronze

Les décors en faux-bronze, révèlent souvent deux interventions, parfois trois. Pour chaque stuc, deux prélèvements ont été effectués, le premier sur le fond de la scène et le second sur les sujets (personnages, animaux…). En effet, la polychromie initiale montre un traitement différent entre le fond du décor et les reliefs. Les fonds sont majoritairement verts, composés d’un mélange de blanc de plomb et de terre verte dans une matrice grasse. Les reliefs indiquent l’emploi de feuilles de laiton et/ou cuivre. Certains repeints révèlent un traitement différent. On observe une application de bronzine partout (fond et sujets) mais les sujets ont une couche rose, relativement épaisse qui précède la bronzine. Cette couche rose, mélange de terre riche en oxydes de fer et de blanc de zinc avait probablement pour objectif de nuancer l’aspect métallique de la bronzine entre le fond et les reliefs.   

Les reliefs faux-bronze conçus au XIXème siècle (salles 409 et 414) indiquent une mise en œuvre différente, qu’il s’agisse du stuc ou du décor métallique appliqué.

Dix échantillons ont été prélevés sur cinq salles. Les deux exemples concernent le médaillon faux-bronze sur le mur Nord-Ouest de la salle de Septime Sévère (salle 412), l’un sur le fond et le second sur la cuisse du cheval.
 

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