face. groupe d'Anne, Marie, Jésus et l'Agneau, en cours d'intervention, après réintégration de la couche picturale et vernissage. @C2RMF Pierre-Yves Duval.jpg
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LA SAINTE ANNE, UNE RESTAURATION MAJEURE

Publié le 01/08/2014

Une restauration fondamentale de la Sainte Anne de Léonard de Vinci a été envisagée dès les années 1990, époque à laquelle furent effectués quelques tests de nettoyage assez concluants. L'aspect terne du tableau, ses teintes décolorées et faussées sous d'épais vernis jaunes, ses contrastes abolis, et surtout la multitude de repeints virés qui maculaient le ciel et le manteau bleu de la Vierge exigeaient une intervention qui, finalement, n'a pu être effectivement menée qu'à partir de 2009. À ce moment-là, de menus soulèvements, sans doute dus au racornissement des vieux vernis de restauration tirant sur la couche picturale, rendaient l'opération désormais inévitable.

ANALYSE DE LA SAINTE ANNE

Des examens préliminaires et une importante campagne d'imagerie scientifique ont été réalisée dans les laboratoires du C2RMF (financé par le généreux mécénat de M. Barry Lam).

Ces analyses ont révélé :

  • les vernis de restauration antérieure s'oxydaient. Tandis que le vernis éclaircit les couleurs sombres et assombrit les couleurs claires, les retouches de restauration ont gardé des couleurs fidèles à l’œuvre, créant ainsi des contrastes isolés.
  • Des retouches de peintures avaient été faite lors de restaurations antérieures à divers endroits sur la toile, appliqué directement sur le vernis (notamment la restauration de Lucien Aubert effectué en 1955, jugé satisfaisante à l'époque, mais chaotique aujourd'hui).

DESSINS DE LA SAINTE ANNE

Durant la restauration de l’œuvre, trois dessins ont été retrouvés au dos de la toile. L'un d'eux (la tête de cheval) avait déjà été détecté à l'œil nu et les deux autres avaient été révélés par la photographie infrarouge du revers du tableau.

Auparavant, une couche de résidu recouvrait le verso. Ce n'est qu'après un profond nettoyage qu'une tête de cheval, le détail d'un crâne et un croquis d'un enfant furent découverts.

DEUX PROBLÈMATIQUES LORS DE LA RESTAURATION

Cette restauration combinait deux problématiques principales : l'enlèvement des repeints désaccordés, dont certains résultaient de très anciennes et épaisses superpositions de retouches, et de l'amincissement des vernis de restauration oxydés et chancis par trop de nettoyages partiels, de véhiculages, de retouches et de refixages au cours de des siècles.
Tout au long de son histoire matérielle, le panneau a bien évidemment été déverni et reverni de nombreuses fois, à la surface d'une couche picturale heureusement assez solide. Le vernis était donc parvenu jusqu'à nous dans un état d'extrême irrégularité et d'oxydation tel qu'il faussait toutes les teintes, et par un effet physique bien connu, "décolorait" tout en jaunissant les teintes véritables de l’œuvre.

DEUX PARTULARITÉS TECHNIQUES DÉCOUVERTES

Deux particularités techniques originales de Léonard sont également clairement apparues au cours de la restauration. D'une part l'artiste n'a pas terminé son tableau, notamment dans toute la zone médiane de la composition, entre les premiers plans minutieux du ruisseau caillouteux et les lointains bleutés des montagnes, ainsi que dans certaines parties des figures elles-mêmes. D'autre part, l'utilisation d'une laque rouge qui a mal séché a créé très tôt des déplacements de la couche de lapis lazuli du manteau de la Vierge, occasionnant des pertes à l'origine des repeints qui tachaient abondamment ses vêtements.

UNE RÉINTEGRATION PICTURALE

La réintégration picturale s'est voulue très légère, réalisée avec des matériaux réversibles posés sur une couche de vernis d'interposition au dammar lui-même très mince et, par sa mise en œuvre, d'une nature différente de celle des vernis anciens préservés : de cette manière, son retrait ne devrait poser aucune difficulté technique aux restaurateurs du futur. Plusieurs repeints importants ont été volontairement laissées dans le paysage, à droite dans la zone des arbres et à gauche, au niveau du nœud de la robe de la Vierge. D'autres demeurent également dans les visages, surtout celui de Saint Anne, car le nettoyage a été là volontairement limité à un niveau peu profond, ce qui laisse une marge d'intervention assez importante pour l'avenir, quand des techniques de restauration toujours plus précises permettront des interventions encore plus fines.

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