Programme de recherche : matériaux vitreux de Ras Shamra-Ougarit au IIe millénaire avant notre ère

Dans la seconde moitié du deuxième millénaire avant notre ère, Ougarit est un royaume levantin prospère et l’un des centres d’échanges les plus importants de la Méditerranée orientale. Son histoire à l’âge du Bronze récent est liée à celles des grands royaumes de l’époque : le Mitanni, l’Égypte du Nouvel Empire et l’Empire hittite dont Ougarit est le vassal des environs de 1340 jusqu’à sa destruction dans les années 1180 avant notre ère.

La civilisation ougaritique est documentée grâce aux nombreuses découvertes tant archéologiques qu’épigraphiques faites, en particulier, sur les sites de Ras Shamra, de Minet el-Beida et de Ras Ibn Hani localisés sur la côte syrienne à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Lattaquié. La riche culture matérielle d’Ougarit témoigne de la position privilégiée de cet état, qui entretenait des relations avec l’Anatolie, la Syrie intérieure et la Mésopotamie, le Levant méridional, l’Égypte, Chypre et l’Égée. L’exploration archéologique a permis de mettre au jour l’un des corpus les plus importants d’objets en matières vitreuses (faïence, verre, bleu égyptien, céramique glaçurée) du Proche-Orient datant de la période du Bronze récent.

Plusieurs programmes d’analyses réalisés au Centre de recherche et de restauration des musées de France ont permis de mieux caractériser ces matériaux et leur production.

Valorisation du projet

25 ans de collaborations pluridisciplinaires

À partir des années 1980, des programmes d’analyses archéométriques portant sur différentes catégories d’objets découverts à Ras Shamra et Minet el-Beida ont été réalisés au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Les arts du feu ont fait l’objet d’un intérêt tout particulier, avec notamment le développement de plusieurs recherches sur les matières vitreuses qui ont permis de mieux caractériser ces matériaux et leur production.
 

Le matériel d’Ougarit a tout d’abord été étudié dans le cadre d’un vaste programme sur les faïences de l’Orient ancien, initié par A. Caubet et A. Kaczmarczyk à partir des collections du Département des Antiquités orientales du musée du Louvre. À cette recherche initiale ont succédé quatre opérations portant respectivement sur la céramique argileuse à glaçure, le bleu égyptien, la faïence monochrome bleu-gris  et le verre. Ces recherches, initiées par V. Matoïan, ont été menées en collaboration avec A. Bouquillon, I. Biron, S. Pagès-Camagna et avec la participation d’Y. Coquinot et d’A. Leclaire. Elles se sont inscrites dans le cadre d’une collaboration entre le C2RMF, le musée du Louvre et la Mission archéologique syro-française de Ras Shamra – Ougarit.

Valorisation :

Ougarit a en effet livré l’un des corpus d’objets en matières vitreuses parmi les plus importants du Proche-Orient pour la période du Bronze récent. Plus de 17.000 faïences, un millier d’objets en verre, environ 250 en bleu égyptien et moins d’une trentaine en céramique argileuse à glaçure ont été répertoriés. Le répertoire typologique est d’une grande variété : vases, figurines, éléments de parure, pommeaux, pions de jeu, cachets, sceaux-cylindres, scarabées, éléments d’incrustation…

Les résultats des recherches, dont les objectifs premiers étaient de mieux caractériser les matériaux et d’essayer de définir l’origine des productions (importation ou production locale), sont diffusés dans des publications scientifiques. Ils ont été valorisés dans des expositions, comme la manifestation intitulée Ougarit Blues, présentée en France à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée (Lyon, 2005) et en Syrie, au musée national de Damas (2006). Ils le sont aussi sous forme de vidéos.

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Résultats marquants

Ces travaux ont apporté des résultats novateurs parmi lesquels :

-  La présence à Ougarit d’une série bien documentée d’objets en faïence monochrome bleu-gris colorés au cobalt : si la plupart sont importés d’Égypte, quelques pièces pourraient témoigner d'une fabrication locale ;
-  L'identification d'un nouvel emploi du bleu égyptien comme colorant d’un corps de faïence ;
-  La mise en évidence de deux « recettes » de bleu égyptien suggérant pour certaines pièces une production locale ;
-  L'identification, sur un fragment de vase en albâtre importé d’Égypte, d'un pigment bleu de type spinelle, proche des pigments utilisés pour la « blue-painted pottery » égyptienne du nouvel Empire ;
-  Une des premières utilisations de verre incolore;
- La caractérisation des premières glaçures posées sur pâte argileuse.

Pour compléter la lecture avec une vidéo explicative : cliquez ici

Pilotes du projet : Valérie Matoïan - Directrice de recherche au CNRS - Directrice française de la Mission d'Ougarit et Anne Bouquillon - Ingénieure de recherche au C2RMF, Groupe Objet, Département Recherche

Equipe C2RMF :

Département Recherche :

Groupe Objet :

Isabelle Biron, Ingénieur de recherche, Groupe Objets, Département Recherche (En retraite)

Yvan Coquinot, Ingénieur de Recherche, Groupe Objet, Département Recherche

Alain Leclaire, Ingénieure d’étude, Groupe Objet, Département Recherche (En retraite)

Groupe Imagerie :

Anne Maigret, Photographe, Groupe Imagerie, Département Recherche

Dominique Bagault, Photographe, Groupe Imagerie, Département Recherche (En retraite)

Groupe Polychromie:

Sandrine Pagès-Camagna, Ingénieure de recherche, Groupe polychromie, Département Recherche

Organismes partenaires : C2RMF, Mission archéologique syro-française de Ras Shamra-Ougarit, Musée du Louvre, IFPO (Institut Français du Proche Orient), Archéorient (UMR 5133), CNRS, Université Lyon 2, UMR 7192 Proclac, CNRS, Collège de France