bandeau mari
Voir toutes les actualités

Restauration : calques de peintures murales du Grand Palais royal de Mari

La restauration des relevés sur cellophane et des calques des restitutions des peintures murales du Grand Palais royal de Mari, Syrie IIIe millénaire avant J.-C.

Publié le 14/11/2023

Le C2RMF vous invite à aller admirer les trois calques grandeur nature des peintures murales du Grand Palais royal de Mari, qui ont été restaurés au sein des ateliers du C2RMF en 2021 et qui sont exposés pour la toute première fois au public à Mariemont (province de Hainaut, Belgique), à l’occasion de l’exposition Mari en Syrie. Renaissance d’une cité au IIIe millénaire (du 16/10/23 au 07/01/24). Cette grande exposition produite par le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg et le Musée royal de Mariemont met en lumière ces œuvres uniques, dernière trace d’un patrimoine perdu, ayant aujourd’hui valeur d’original. 

À travers cet article, le C2RMF vous convie à la découverte de la restauration de cette œuvre exceptionnelle.

fig 1
Fig 1 : Reconstitution grandeur nature du décor de la chapelle 132 du Palais royal de Mari III : calque du 2e registre figurant une libation versée devant le grand dieu Sin (la Lune), réalisé en 1957, 3,40m x 1,04m, musée du Louvre

Historique de l’œuvre

Mari, immense cité mésopotamienne de 110 hectares, prit naissance sur la rive droite de l’Euphrate il y a plus de 5000 ans et assura des liens stratégiques entre la Méditerranée et le golfe persique. Elle fut détruite, puis reconstruite plusieurs fois pour s’éteindre définitivement en 1759 av. J.-C. Le site a été fouillé dès 1933 par des missions françaises dirigées par André Parrot, archéologue et futur directeur du Louvre, mettant en lumière la civilisation des Shakanakus, gouverneurs militaires de la cité, régnant entre 2250 et 1759 av. J.-C. C’est en février 1936 qu’André Parrot et son équipe mettent à jour les premiers fragments de peinture murale, dans ce qui sera identifié comme la chapelle 132, dédiée à Ištar, déesse de la guerre et de l’amour, maîtresse de la royauté. Pour en savoir plus sur l’exceptionnelle cité de Mari, retrouvez  sur la colonne de droite le catalogue de l’exposition, édité par Arnaud Quertinmont et Sophie Cluzan, musée royal de Mariemont, 2023, dont l’article sur la restauration des calques. 

Une redécouverte exceptionnelle

Prise dans la tourmente du conflit syrien depuis 2011, la cité de Mari revêt une très grande importance archéologique et livre, grâce à la redécouverte de ces calques, un témoignage de la splendeur des décors mésopotamiens.
Après que des relevés sur cellophane grandeur nature, avec indications des couleurs, aient été réalisés in situ au moment des fouilles par Paul François et Raymond Duru, les restes des peintures, en très mauvais état, s’étaient évanouis en poussière. Depuis la reconstitution des calques proposée par Paul Hamelin, pour la publication d’André Parrot sur Mari en 1958, l’information avait été perdue concernant cette restitution. 
Comme l’explique Sophie Cluzan, archéologue et conservatrice au département des Antiquités orientales du musée du Louvre, l’émotion fut de ce fait palpable lors de la redécouverte fortuite en 2019 de deux grands rouleaux de calques et d’un troisième de plus petites dimensions, que l’on croyait à jamais perdus ! (retrouvez l’article de Sophie Cluzan dans la revue Support Tracé sur la colonne de droite). Incorporés à d’autres documents roulés autour d’eux, ces documents avaient été oubliés durant près de 60 ans. Du fait de la disparition des décors originaux, cette restitution sur calques prend alors valeur d’original.

gdgdg
Fig 2 : Restauration des calques du Palais royal de Mari par la restauratrice Blandine Durocher

La restauration

Grâce à l’intervention des restauratrices indépendantes, Blandine Durocher et Marthe Desroches, au sein des ateliers d’Arts graphiques du C2RMF, sous la direction de Natalie Coural, responsable de la filière Arts graphiques du département Restauration, il est désormais possible d’admirer ces relevés sur calque dans leur éclat retrouvé, donnant une impression la plus proche possible de la réalité du faste de la cité mésopotamienne. 

Les restauratrices ont tout d’abord mené un constat d’état des œuvres, qui leur a permis d’identifier les défis à relever au cours de cette restauration particulièrement délicate. 

jk;sdq
Fig 3 : La restauratrice Blandine Durocher et Natalie Coural, responsable filière Arts graphiques du département Restauration C2RMF devant les calques du Palais royal de Mari

A l’extrême fragilité naturelle du matériau calque, s’ajoutait en effet un jaunissement et un aspect cassant dû à l’oxydation du support, d’une très grande sensibilité aux variations atmosphériques.  Un autre enjeu était la taille monumentale de ces œuvres, mesurant 3,5m et 3,4m de long pour une hauteur de 1,10m pour les deux grands calques, et 1,5m sur 0,70m pour le plus petit. De plus, ces grands calques étaient composés de plusieurs morceaux, maintenus entre eux par des bandes adhésives de type « scotch » posé au revers, qui, en vieillissant, ont contribué à exercer des tensions sur les calques. La couche picturale, une gouache inerte, ne pouvait suivre les déformations du support instable, surtout au niveau des blancs posés en épaisseur. Des craquelures s’étaient donc formées, dues au soulèvement de la gouache, induisant par endroits des lacunes et des pertes de matières. Ces altérations ont sans doute été aggravées par le mode de stockage en rouleau, inadapté, ayant entraîné des contraintes mécaniques et la déformation du support. 

w,nklsdwiomplo:
Fig 4 : Restauration des calques du Palais royal de Mari par la restauratrice Blandine Durocher

Les trois points majeurs de l’opération d’intervention de restauration consistaient donc en l’élimination des bandes auto-adhésives, le refixage de la gouache et le reconditionnement des œuvres. Après un dépoussiérage, puis un refixage ponctuel de la couche picturale de gouache au niveau des zones les plus fragiles au pinceau fin, à l’aide de colle d’esturgeon, les bandes ont été retirées grâce à l’application d’une spatule chauffante, suivi d’une action mécanique à la gomme crêpe et au scalpel pour ôter les résidus de colle. Elles ont ensuite été remplacées, et les déchirures fermées, par l’emploi de papier japonais, collé à l’amidon. Ces opérations assurent une parfaite réversibilité, tout en permettant la consolidation et le maintien des différents éléments entre eux.

Ces calques ont ensuite été installés sur un support en carton de conservation léger, dit « à nid d’abeille ». Un système de boîte de conservation et de transport a été conçu par Alexandre Pandazopoulos, restaurateur arts graphiques, afin de faciliter le transport de ces œuvres sans les rouler, tout en s’adaptant à leur grande fragilité ainsi qu’à leur format exceptionnel. Une campagne de documentation photographique a également permis de suivre toutes les étapes de la restauration, avant intervention jusqu’au montage de l’œuvre. 

Information : réduction des activités sur le site de Versailles
De juin 2022 jusqu’à fin 2025
Développements instrumentaux
La microscopie optique

Une technique aux usages différents 

Publié le 23/06/2021