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gaines de Chaalis, XVIIe siècle - Restauration

Episode 1

publié le 20/06/23

Dans le cadre d’une prochaine exposition sur le mobilier Boulle , la paire de gaines de l’abbaye de Chaalis (1686-1687) font l’objet d’un long projet de restauration au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Le C2RMF vous invite à suivre les recherches et restaurations conduites sur ce chef-d'œuvre à travers une chronique, en commençant par ce premier volet. 

En 1907, Nélie Jacquemart-André, achetait en Angleterre, à la vente de Lady Ashburton, ces deux gaines alors datées d’époque Napoléon III. L’illustre collectionneuse les plaça dans la bibliothèque de son appartement de l’abbaye de Chaalis, où elles se trouvent toujours. Ce n’est que tardivement, dans les années 1990, qu’elles ont été reconnues et expertisées comme faisant partie d’une commande passée à André-Charles Boulle, d’un ensemble de gaines pour l’appartement du Grand Dauphin, Louis de France, à Versailles.

Les gaines

Des gaines désignent un piédestal, devant soutenir un objet d’art, un buste ou une statuette. Ces gaines octogonales composées en alternance, de pilastres et de pans coupés en quart de cylindre, sont rehaussées de tabliers ornés de bronzes dorés, dont la ciselure est exceptionnelle. Les matériaux les constituants sont en laiton et en étain sur fond d’écaille de tortue ou de corne teintée en bleu. L’ensemble de la marqueterie est collé avec une colle animale sur un support majoritairement en résineux.

De l'imagerie à la restauration

Un dossier d’imagerie scientifique a été réalisé, en lumière du jour et en ultraviolet, révélant plusieurs couleurs de fluorescence des vernis. Les radiographies ont laissé apparaitre des assemblages cachés et différents traits de fer à dents, indiquant que des restaurations antérieures avaient surement été initiées. Des études sur la composition des métaux et leurs altérations, ainsi que sur la datation des bois de la structure sont également en cours. De même qu’une analyse des bronzes dorés, des vernis révélés par l’imagerie en ultra-violet et des pigments bleus.

Concernant les restaurations, plusieurs problématiques sont à prendre en compte. Le mobilier présente des altérations majeures dont le soulèvement quasi généralisé des filets de laiton et des différents placages. Des dégradations plus ou moins importantes ont été constatées : un fort encrassement des bronzes dorés, des altérations des vernis et des changements de couleurs des matériaux. L’étain est également particulièrement corrodé.

Le défi des conditions climatiques

Par ailleurs, les conditions climatiques du domaine de Chaalis étaient anciennement inadaptées à la bonne conservation de l’étain des gaines : un matériau très sensible aux fluctuations et aux températures basses. Les tabliers des gaines, dont le décor est en étain et en corne teintée en bleu, ainsi que d’autres matériaux constituant ces œuvres majeurs, comme la marqueterie, font l’objet d’une attention particulière. 

Des enjeux de conservation entrent en ligne de compte dans ce projet d’environ un an, allant de la conservation des matériaux d’origine, à la mise en place d’un protocole utilisant des produits stables qui soient réversibles dans le temps. Tant d’enjeux de conservation et de restauration sont à suivre dans les prochains épisodes. 

Information : réduction des activités sur le site de Versailles
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