img rogné Les Heures d'Étienne Chevalier : La Mise au tombeau

La restauration des enluminures de Jean Fouquet, Château de Chantilly

Les Heures d'Étienne Chevalier : La Mise au tombeau
Jean Fouquet, La Mise au tombeau (recto), enluminure sur parchemin (Chantilly, Musée Condé, Inv. 217) ©C2RMF/J.-M. Routhier

A l'occasion de la grande exposition consacrée à Jean Fouquet (v. 1415 /1420-v. 1480) qui se tient à la Bibliothèque nationale de France (Site Richelieu, mars-juin 2003), le musée Condé de Chantilly a décidé de présenter au public le travail de conservation qu'il mène sur les Heures d'Etienne Chevalier, le "chef-d'œuvre incomparable de Fouquet et l'un des plus illustres manuscrits du monde " (Nicole Reynaud). Commandé par le Trésorier de France Etienne Chevalier (v. 1410-1474), le livre d'Heures a été réalisé par Fouquet à son retour d'Italie entre 1452 et 1460. Resté intact jusqu'à la fin du XVIIème siècle, le manuscrit est dépecé au siècle suivant. Chacune des enluminures qui sont autant de petites peintures individuelles, admirables de fraîcheur, de précision et d'invention sont alors montées sur des planchettes de chêne. 

C'est le duc d'Aumale qui acheta quarante d'entre elles en 1891 au fils du banquier colonais Georges Brentano ; celui-ci les avait acquises dans les premières années du XIXème siècle. L'année suivante, peu de temps avant sa mort, le duc d'Aumale les présentait au château de Chantilly dans une petite pièce qu'il venait de faire aménager, le Santuario : les miniatures sont alors regroupées par quatre dans des cadres de poirier teintés en noir. Les collections léguées à l'Institut de France ne peuvent être prêtées à l' extérieur de par les clauses du testament. Sept autres enluminures provenant du livre d'Heures sont aujourd'hui conservées dans des collections publiques françaises et étrangères. 

Réalisées sur du parchemin, matériau fragile et d'une grande réactivité, les Heures d'Etienne Chevalier posaient depuis longtemps de graves problèmes de conservation. Conduite en plusieurs étapes depuis une trentaine d'années, une étude tendant à proposer des solutions afin d'y porter remède n'a pu être menée qu'avec le concours de spécialistes internationaux de différentes disciplines : historiens d'art, scientifiques et restaurateurs spécialisés dans la conservation du parchemin.

Les propositions d'une équipe de restaurateurs allemand, suisse et anglais ont été validées en 2002 par un conseil scientifique constitué à cette fin. Il a conclu aux améliorations suivantes :

  • Transformation des cadres en caissons étanches, afin de contrôler le climat
  • Contrôle de la lumière naturelle
  • Mise au point d'un nouveau système de montage pour les enluminures
  • Retrait et traitement des cinq enluminures les plus endommagées
  • Elaboration d'outil de diagnostic et de contrôle permettant une surveillance à long terme
  • Une dizaine de panneaux conçus par l'équipe du C2RMF explique précisément les différentes étapes du travail.
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